Castor et Pollux

Auteurs : Gondot (Pierre-Thomas)
Parodie de : Castor et Pollux de Bernard et Rameau
Date: 14 janvier 1754
Représentation : 14 janvier 1754 Théâtre de société
Source : Bruxelles, 1754
Pierre-Thomas Gondot

Castor et Pollux


Parodie nouvelle
Représentée sur le théâtre de
le lundi 14 janvier 1754
Bruxelles, 1754

Acteurs


Castor
Pollux
Télaïre
Phebé
Jupiter
Pluton, par extraordinaire
Mercure
Le grand prêtre de Jupiter
Cléon, confident de Phebé
Chœur de prêtres
Chœur d’athlètes
Chœur de démons
Des Ombres
Des Ris
Des Jeux
Des Plaisirs
La scène est à Sparte, aux Champs-Élisées et aux Enfers.

Castor et Pollux


Acte i

Le théâtre représente le palais des rois de Sparte.

Scène i

Cléon au parterre

cléon

Air : feuillantines


Castor autrefois, d’abord
Était mort,
Et certes, il avait tort.
Car on le voyait paraître
Sans pouvoir,
Sans pouvoir
Le reconnaître.

Scène ii

Phebé, Cléon

cléon

Air : Toujours va qui danse


Votre sœur va se marier,
Le Roi l’épouse par caprice.
Ce soir grand bal après souper,
Demain feu d’artifice.
Chacun pour cette noce-là,
Va se mettre en dépense,
Et ta la, la, la, la, la, la,
Et toujours va qui danse.
phebé

Air : Monsieur le Prévôt des marchands

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Je vais te faire un pot pourri,
De ce que je crains, mon ami.
Le Roi trouve ma sœur gentille,
Mais Castor la trouve encor mieux.
Dis-moi donc ce que cette fille
Peut avoir de si merveilleux.

Air : De s’engager il n’est que trop facile


Mine effrontée ! air et ton de folie !
Elle possède l’art de tout charmer,
Tandis que moi qui suis la plus jolie,
D’un ingrat je ne puis me faire aimer.
cléon

Air : Amis, sans regretter Paris

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Vous avez un autre secret,
Vous évoquez le diable.
phebé
Que n’est-ce l’Amour !
cléon
En effet,
Il serait plus aimable.

Air : Ton humeur est, Catherine

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Quand la noce sera faite,
Castor va vous revenir.
phebé
Par une intrigue secrète,
Ma sœur à lui va s’unir,
Pollux est un imbécile,
Qui ne sait se décider,
Et Castor assez habile,
Pour se la faire céder.
cléon

Air : De tous les capucins du monde

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Le Roi ferait cette sottise !
phebé
Et je n’en serais point surprise.
Mais si Castor trahit ma foi,
S’il rompt ma chaîne et la méprise,
C’est fait de lui, c’est fait de moi,
Son crime aux forfaits m’autorise.
cléon

Air : Vous avez du mérite, eh bien


Je n’approuve pas la fureur
Où votre âme se livre,
Il faut avoir l’esprit meilleur,
Et ne songer qu’à vivre.
Si Castor est un traître, eh bien !
Rompez votre lien,
Comptez-le pour rien,
Comptez-le pour rien.

Air : Ma chère mère, que je révère


Quand on est fille,
Qu’on est gentille,
Qu’on a quinze ans,
Peut-on manquer d’amants !
Si l’un vous quitte,
Un autre vite
Succédera,
Je vous prédis cela.
Ce minois-là
Vous en four, vous en four,
Ce minois-là
Vous en fournira.
phebé

Air : Par un matin, Lisette se leva


J’entends ma sœur.
cléon
Oui, vraiment la voilà.
phebé
Fuyons...
cléon
Eh bien allons-nous-en par là.
Ta, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la.
La, la, la, la, la, la, la, la, la, la, la.
Ils sortent.

Scène iii

Télaïre seule

télaïre

Air : Je suis pour les dames, moi


Triste apprêt ! Pompe ! Grandeur
Que l’on me prépare.
Vous pourriez toucher mon cœur,
Car la chose est rare.
Mais s’il faut m’unir au Roi,
Quoiqu’un trône brille,
Je veux rester fille moi,
Je veux rester fille.

Scène iv

Castor, Télaïre

castor

Air : Folies d’Espagne

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Quand je vous vois, je vois tout ce que j’aime.
télaïre
Vous osez, Prince, ici porter vos pas ?
castor
On le permet, je ne viendrais pas même
Sans cela rendre hommage à vos appas.

Air : La mort de mon cher père


Par l’ordre de mon frère,
Tête à tête en ce lieu,
Je puis encor vous faire
Un éternel adieu.
Je n’accuse personne
De mon malheureux sort.
Le destin seul l’ordonne,
Le destin seul a tort.
télaïre

Air : Il y a trente ans que mon cotillon traîne


Vous partez donc ?
castor
Oui sans que tien m’arrête,
Et je ne sais ce que je deviendrai.
télaïre
Ah ! vous m’allez faire tourner la tête.
Eh bien, Prince avec vous je m’en irai.
castor
Non pas ! restez car votre hymen s’apprête.
télaïre
Non, non Prince avec vous je m’en irai.
Ils sortent.

Scène v

Pollux, Castor, Télaïre, troupe de spartiates

pollux

Air : Sortons d’ici, je me sens tout de flamme


Restez tous deux ! c’est moi qui vous l’ordonne
Embrassez-moi, Madame, de bon cœur,
Castor vous aime, eh bien ! je vous le donne.
castor et télaïre tombant aux pieds du Roi et lui baisant chacun une main, ensemble
Est-il possible ? Ah Seigneur ! Ah Seigneur !
pollux

Air : Je suis Madelon Friquet

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Informations sur cet air

Je sens tout ce que je perds
En te faisant ce sacrifice,
Je sens tout ce que je perds,
Et je romps cependant mes fers.
Vous m’êtes tous les deux fort chers,
Ah, rendez-moi du moins justice.
Que ce trait soit mis en vers,
Que vos poètes divers
En fassent une belle esquisse,
Que vos poètes divers
En instruisent tout l’univers.

Scène vi

Les acteurs de la scène précédente et les peuples couronnés de fleurs et qui viennent célébrer l’Hymen du Roi

pollux, aux peuples

Air : La Bourgogne


Vous qui prépariez des fêtes
Pour l’hymen de votre Roi,
Laissez ces fleurs sur vos têtes,
Comme si c’était pour moi.
Quand je cède à ma maîtresse,
Et triomphe de mon cœur,
De Castor, de la Princesse,
Chantez bien haut le bonheur.
On danse.
divertissement
Pas de trois

Air : Que j’aime mon cher Arlequin


Le Roi triomphe de son cœur,
Ah ! Qu’il est drôle.
De son frère il fait le bonheur,
Oh ! Qu’il va se faire d’honneur,
Et jouer un beau rôle.
Le Roi triomphe de son cœur,
Ah ! Que ce Prince est drôle.
On danse.
Sur la fin du ballet, une symphonie tumultueuse se fait entendre, les peuples courent de côté à d’autre les armes à la main.

Scène vii

Un spartiate et les mêmes acteurs

un spartiate

Air : Courons, courons aux armes


Courons, courons aux armes !
Pour votre majesté,
Il n’est point de sûreté.
castor et pollux courant sur le théâtre l’épée à la main, ensemble
Courons, courons aux armes !
télaïre, courant après Castor
Où courez-vous ? Castor, arrêtez !
D’où partent ces cris ?
Dieux ! Quels ennemis
Sont assez hardis
Pour nous causer ces alarmes ?
definitacteur, Chœur de combattants chœurcombattants
chœurcombattants, derrière le théâtre
Tue, tue, tue, tue, tue.
télaïre, à la coulisse
Castor que fais-tu ?
pollux, rentrant l’épée à la main et consterné
Ah ! mon frère est perdu.
Aux peuples.

Air : Jardinier, ne vois-tu pas

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Informations sur cet air

Secondez tous promptement
Ma vive impatience.
Castor expire à l’instant,
Venez, morbleu, tirons-en
Vengeance,
Vengeance,
Vengeance.
chœurcombattants
Allons, morbleu, tirons-en
Vengeance,
Vengeance,
Vengeance.
finacte

Acte ii

Le théâtre représente les dehors de la ville de Sparte sur la droite, et le temple de Jupiter sur la gauche. L’on voit dans l’éloignement un convoi escorté de flambeaux et d’assistants.

Scène i

Télaïre en grand deuil, un mouchoir à la main

télaïre
note[du Devin du Village]
Il est mort
L’objet le plus aimable.
Il est mort,
Castor... mon cher Castor.
Il est mort,
J’en suis inconsolable.
Il est mort,
Messieurs, plaignez mon sort.
Mon funeste amour
Lui fait perdre le jour.
Nous étions tous deux
Au comble de nos vœux.
Où trouverais-je un amant semblable !
Puis-je vivre après ce coup affreux !
Non, je ne puis,
Je languis,
Tout m’accable.
De mes douleurs,
Dieux vengeurs !
Je me meurs.
Il est mort, etc.
Elle sort et est arrêtée par Phebé qui arrive.

Scène ii

Phebé, Télaïre

phebé

Air : Toujours seule, disait Nina


Où courez-vous si promptement,
Écoutez-moi, Madame !
télaïre
Je m’en vais à l’enterrement
De l’objet de ma flamme.
Il faut rendre un dernier devoir,
Exprès je me suis mise en noir.
phebé
Vous n’étiez pas
Sa femme
télaïre
Hélas !
Non vraiment, mais tout était
Prêt.

Air : Au bord d’un clair ruisseau


Ce n’est que pas vos coups
Que l’amant le plus tendre,
Je venais vous l’apprendre...
phebé, l’interrompant
Oui j’étais en courroux.
Mais s’il faut parler net,
Aurais-je dû m’attendre
Qu’il n’eût su se défendre,
Beaucoup mieux qu’il n’a fait.
télaïre

Air : Là-haut, sur ces montagnes

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Informations sur cet air

Savez-vous bien, Madame,
Que j’ai de la douleur,
Et que cette épigramme
Insulte à mon malheur.
Quand on perd ce qu’on aime
L’on a bien du souci.
phebé
Je le sens par moi-même,
Car je l’aimais aussi.

Air : Voulez-vous ouïr une chanson, une chanson épouvantable


Comme il est du remède à tout,
Et ceci n’est pas une fable,
Je le retrouverai partout.
Car j’ai du crédit chez le Diable.
Si vous éteignez votre amour,
Je puis le ramener au jour.

Air : Les plus belles vous font la cour


Il faudrait nous accommoder
télaïre
Comment ?
phebé
Il faut me le céder,
Je consens à lui pardonner.
télaïre
S’il peut voir la lumière,
J’aime mieux vous l’abandonner.
phebé
Eh bien, laissez-moi faire.

Scène iii

Pollux, Télaïre, Phebé, troupe de peuples portant des trophées de victoire et les dépouilles des ennemis, Athlètes

definitacteur, chœur de guerriers chœurguerriers
chœurguerriers

Air : Ah ! que j’aime la chasse


Le Roi, notre monarque,
Vient de faire un beau coup,
Comme il craint peu la parque,
Il vient à bout de tout.
Chantons, chantons sa gloire,
Chantons et crions tous
Victoire, victoire, victoire.
divertissement
Pas d’Athlètes figuré.
pollux, à Télaïre

Air : Catinat


Consolez-vous, Madame, j’ai vengé Castor,
Son assassin n’est plus...
phebé, à part
Voyez le bel effort.
Au Roi, en s’en allant.
Ah ! quand un immortel
Veut se battre en duel,
Sire, il a si beau jeu,
Qu’il doit en parler peu.
Elle sort.

Scène iv

Pollux, Télaïre

pollux, à Télaïre

Air : Du haut en bas

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Informations sur cet air

Dans ce séjour !
À présent vous pourriez vous plaire
Dans ce séjour !
Castor n’est plus... mais mon amour...
télaïre
Ah Seigneur ! Parlons d’autre affaire !
Car je vois toujours votre frère
Dans ce séjour.
pollux

Air : Une faveur, Lisette

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Informations sur cet air

N’ai-je plus d’espérance ?
Moi qui soupire encore.
télaïre
Un peu de patience,
Si j’oubliais Castor...
Ma sœur à la lumière,
Prétend le rendre, hélas !
pollux
Bon, c’est une mégère,
Ne vous y fiez pas.

Air : Si, des galants de la ville


Si j’en croyais mon courage,
Chez cette coquine-là
J’irais faire du tapage,
Et briser tout ce qu’elle a.
C’est une méchante folle,
Elle a causé nos malheurs.
D’une espérance frivole,
Elle entretient vos douleurs.
Si j’en croyais mon courage, etc.
C’est l’âme la plus cruelle
Qui respire en mes États.
Votre amant, hélas ! sans elle
Serait ce soir dans vos bras.
Si j’en croyais mon courage, etc.

Air : Ne v’la t-il pas que j’aime


Tenez, j’imagine un moyen.
Jupiter est mon père,
Pluton, mon oncle, il faudra bien
Qu’ils me rendent mon frère.

Air : Nous jouissons, dans nos hameaux


Me voilà décidé. Ma foi
Je vais à tous les diables.
télaïre
Mais n’aurez-vous pas peur ?
pollux
De quoi ?
télaïre
Des monstres effroyables !
pollux
Qui moi ? J’aurais peur de cela !
Bon ! c’est une chimère,
Et j’y voudrais être déjà
Pour enchaîner Cerbère.
Il sort.

Scène v

Télaïre seule

télaïre

Air : Il est gen, gen, gen, il est ti, ti, ti


Ah ! Qu’il est bien bon le Roi,
Et qu’il a de courage !
Je l’aimerai bien, je crois,
Après ce voyage.
Il fait tout ce que je veux,
Oh voilà des amoureux !
Il est gen, gen, gen,
Il est ti, ti, ti,
Il est gen, il est ti,
Il est genti... comme
L’auteur qu’on renomme.

Scène vi

Pollux rentrant, Télaïre

pollux

Air : Stilà qu’a pinté Bergopsoom


Ici je reviens tout exprès,bis
Jupiter trouvera mauvaisbis
Que je suive mon entreprise,
Sans qu’auparavant je l’instruise.
télaïre, au Roi, en lui montrant le temple de Jupiter

Air : Non, rien n’est si fatiguant


Voici son appartement,
Allez frapper à sa porte !
Elle sort.
pollux
C’est penser fort sensément,
Je n’y serai qu’un moment.
Il va frapper à la porte du temple.
Pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan.
une voix, dans le temple
Qui frappe donc de la sorte ?
pollux
Pan, pan, pan, pan, pan, pan, pan,
Ouvrez, ouvrez promptement.
Le temple s’ouvre.

Scène vii

Le grand prêtre de Jupiter à la tête d’un nombre de prêtres consacrés au culte du temple, Pollux

le grand prêtre

Air : Folies d’Espagne

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Informations sur cet air

Qu’est-ce Seigneur ? Ah, daignez nous apprendre !
pollux
Je veux, Messieurs, parler à Jupiter.
Je n’ai, je pense, aucun compte à vous rendre,
Ici pourtant vous n’avez qu’à rester.
Pollux entre dans le temple et va se mettre à genoux vis-à-vis de l’autel de Jupiter.

Air : Je viens devant vous


Je viens devant vous,
À deux genoux.
Je viens mon père
Demander Castor
Que j’aime fort,
Lequel est mort.
On entend des coups de tonnerre.
N’entends-je pas des coups de tonnerre ?
Je crois qu’il éclaire,
Je meurs de frayeur.
le grand prêtre
N’ayez pas peur,
C’est l’ordinaire.
Votre bon papa,
À l’Opéra
Fait ce bruit-là.
Le grand prêtre s’avance au milieu du théâtre, les prêtres se rangent en file des deux côtés.

Air : Mon verre est tombé par terre


Çà, mettons-nous en prière,
Voici le maître des Dieux.
C’est par des coups de tonnerre
Qu’il s’annonce dans les cieux,
Qu’il s’annonce sur la terre,
Terre, terre,
Qu’il s’annonce sur la terre,
Et dans tous lieux.
airnote, Quand on est gentizomme, zon sait comme
Frémissons !
Que tout tremble !
Inclinons-nous tous ensemble !
Frémissons !
Que tout tremble !
Frémissons tous et partons.
Refrain de la turque
On danse.
les prêtres
Partons, partons, partons.
Les prêtres tout de suite se mettent à danser la contredanse de la Turque, à la fin de laquelle ils sortent tous.

Scène viii

Jupiter botté à cheval sur un aigle descend, Pollux

jupiter, à Pollux

Air : Confiteor

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Informations sur cet air

Dans les cieux, plus haut même encor,
Mon fils, ta voix s’est fait entendre.
Je savais la mort de Castor,
Je voudrais pouvoir te le rendre.
Mais tu me crois bien plus puissant
Que je ne suis assurément.

Air : Pour soumettre mon âme


Quand j’eus par mon courage
L’Empire de l’univers,
Neptune eut en partage
La mer, Pluton les enfers.
pollux
Seigneur, j’ai lu dans Virgile
Positivement cela.
jupiter
Je te trouve fort habile,
D’avoir lu ce livre-là.

Air : Filles, qui passez par chez nous


Je ne vois que l’expédient
De rester à sa place.
pollux
Le sacrifice est un peu grand
Il aura plus de grâce, vraiment,
Il aura plus de grâce.

Air : Quand on a prononcé ce malheureux oui

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Informations sur cet air

Je ne puis sans Castor vivre quoique l’on dise.
jupiter
Mais tu veux donc encor faire cette sottise.
pollux
J’en ai fait de plus grande.
jupiter
Oh, je le savais bien,
Et c’est pour ton honneur que je n’en disais rien.

Air : Entre l’amour et la raison

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Informations sur cet air

Tu le veux donc absolument,
Fais à ta fantaisie,
Je t’enverrai dans le moment
Un flacon d’ambroisie.
Mais avant de quitter ces lieux
Sans rien dire à personne,
Pour t’égayer, les Ris, les Jeux
Vont danser la Bretonne.
Il sort.

Scène ix

Pollux

Les Ris, les Jeux, les Plaisirs, tenant des guirlandes de fleurs, arrivent en dansant la Bretonne.
divertissement
un plaisir

Air : La Baronne


C’est ici l’aimable asile
Des Plaisirs, des Ris, des Jeux.
pollux
Je n’ai pas l’esprit tranquille.
un plaisir
Vous chantez pourtant au mieux
Mi, mi, fa, ré, mi,
Chantez mon ami.
Mi, mi, fa, ré, sol,
Comme un rossignol.
Pollux veut fuir, les Plaisirs l’arrêtent et l’enchaînent de fleurs.
un plaisir

Air : Faites dodo


Où courez-vous ?
Jeune et beau Prince,
Où courez-vous ?
Vous êtes fou.
A-t-on jamais vu quitter sa province,
Pour s’en aller courir le loup-garou.
Où courez-vous ?
Jeune et beau Prince,
Vous avez les bras beaux, la taille mince,
Mettez-vous en train, dansez avec nous.
Où courez-vous ?
Jeune et beau Prince,
Où courez-vous ?
Vous êtes fou.
On danse.
pollux, rompant les guirlandes

Air : J’suis bien aise de vous le dir’, catin


J’aurais jadis de votre chaîne,
Charmants Plaisirs serré les nœuds.
Mais aujourd’hui j’ai l’âme en peine,
Et je ne sais ce que je veux.
Aux enfers l’amitié m’entraîne,
Rien ne l’amuse et tout me gène.
Quels que soient vos ballets, enfin,
Tout ça n’me va brin,
Ça n’me va brin.
finacte

Acte iii

Le théâtre représente l’entrée des enfers, gardée par un gros chien de boucher, des diables, sous toutes sortes de formes, les uns en pagodes, en lanternes, en écrevisse, en soufflets, en monstres, en défendent les entrées.

Scène i

Phebé une baguette à la main, invoquant les esprits soumis à son pouvoir

phebé

Air : Ah ! le bel oiseau, maman

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Informations sur cet air

Vous qui sans le faire exprès,
M’avez fait magicienne,
Vous qui ne chantez jamais
De musique italienne,
Vous qui sifflez dans les airs,
Par choix, et par goût la mienne,
Esprits venez mettre aux fers
Tous les bouffons des enfers.
note[Courez sur ces bords note[Courez sur ces bords \emph ou Joignez-vous à vos transports] Joignez-vous à vos transports]
Secondez mon ardeur !
Que tout cède à ma fureur.
Je me sens de la valeur,
Jamais femme n’eût tant de cœur.
Je vais, je vous réponds,
Chez Pluton,
Faire du carillon.
Tout de bon.
Devant moi cependant,
Marchez quelques pas en avant.

Scène ii

Phebé, Pollux, Mercure en manteau rouge, une lanterne à la main

En entrant sur le théâtre, il se retourne pour faire une grande révérence à Pollux qui est encore dans la coulisse.
mercure

Air : Allez tendre ailleurs vos panneaux, Monsieur l’amoureux volage


Seigneur ! Si je vais le premier,
C’est que je tiens la lanterne.
pollux
Qu’importe ! le premier ou le dernier,
Mènes-moi dans la caverne.
phebé, courant au devant d’eux

Air : Fille qui voyage en France


Quoi c’est le Roi ?
mercure
C’est lui-même.
phebé
Où le menez-vous hélas ?
Il court un péril extrême.
mercure
Ah ! ne vous arrêtez pas.
Le bavardage
Est un surcroit d’embarras
Quand on voyage.
Chœur de démons s’opposant à l’entrée de Mercure et de Pollux dans les enfers.
chœur, en trio
le chœur, mercure, et pollux, ensemble
chœur
airvide
Arrêtez-vous ! fuyez loin de ces lieux.
pollux
Rentrez démons, rentrez dans l’esclavage !
mercure, en même temps que le chœur
Respectez le fils du maître des dieux.
chœur
Nous ne pouvons lui livrer le passage,
Arrêtez-vous, fuyez loin de ces lieux.
mercure
Respectez le fils du maître des dieux.
pollux
Rentrez démons, rentrez dans l’esclavage !
Pollux les écarte et les repousse jusqu’à la dernière porte, le sabre à la main.
definitacteur, chœur de démons chœurdemons
chœurdemons

Air : Ô ! Pierre, Ô ! Pierre

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Informations sur cet air

Défendons la muraille !
pollux
Faquins ! j’entre en courroux.
Là-bas, il faut que j’aille.
Fuyez... sinon, je vous...
Canaille !
Canaille !
Je vous écrase tous.
Pollux et Mercure forcent l’entrée et s’abîment dans les enfers.

Scène iii

Phebé

phebé
airnote, Où que j’entre, je vous prie
Que Mercure est un bon guide,
Pour pénétrer en tout lieu !
Sans le secours de ce dieu,
Qu’eût fait le Prince timide !
Eût-il jamais des enfers
Percé la route obscure ?
Ah ! Qu’il est de cas divers,
Où l’on chérit Mercure.

Scène iv

Castor, une ombre

Le théâtre change et représente les Champs-Élisées, on y voit les ombres errantes de part et d’autre.
castor, se promenant parmi les ombres
airnote, Ah ! qu’elle est belle
Ô doux asile !
Vallons charmants !
La paix tranquille
Y règne en tout temps.
Si mon amante
Était ici,
Toujours contente
Elle chanterait aussi.
Ô doux asile !
Vallons charmants !
Ah ! grands dieux,
En quels autres lieux
Est-on mieux,
Est-on plus heureux ?
Ô doux asile !
Vallons charmants !
La paix tranquille
Y règne en tout temps.
Aux ombres, qui viennent à lui en dansant.
airnote, Allons danser sous ces ormeaux
Venez danser autour de moi,
Venez danser ombres légères.
Venez danser autour de moi,
Vous ne pouvez causer d’effroi.
Là-haut j’aimai la danse avec excès,
Je ne comptais pas trouver des ballets
Dans ce séjour.
C’est un bon tour.
Riez, sautez !
Dansez, chantez !
Je crois qu’ici je ne m’ennuierai guères.
Venez danser autour de moi,
Venez danser ombres légères.
Venez danser autour de moi,
Je n’ai de vous aucun effroi.
divertissement
une ombre

Air : Vous qui parcourez le monde


Sur les ombres fugitives,
L’Amour lance encore des feux.
Tel qui n’a point vu ces rives,
Dira que c’est fort douteux.
Mais s’il ne veut pas le croire,
Qu’il vienne jusques ici.
L’on y dispense de boire
Les eaux du fleuve d’oubli.
On danse.

Scène v

Castor, Pollux

pollux, aux ombres qui fuient

Air : Ah ! j’ai tout vu, j’en suis bien convaincu


Dans ces beaux lieux
Restez esprits heureux !
Je ne suis curieux
Que par l’ordre des dieux.
castor, sautant au col de son frère
Que vois-je ? Ô ciel ! Est-ce vous ? Ô, mon frère !
tous deux, ensemble
Mon frère !
Mon frère !
castor
Par quel hasard heureux...
pollux
Mon cher Castor !
Hélas ! depuis ta mort,
Je ne sors,
Je ne dors,
Toujours je plains ton sort.

Air : De porter mon premier bouquet, Hélène


Premièrement je t’ai vengé
Du perfide Lyncée.
Dans son sein j’ai même plongé
De bon cœur cette épée.
Après j’ai su te ménager
Le tendre amour de la Princesse
Qui sans cesse
Pleure et ne veut changer.

Air : C’est l’ouvrage d’un moment

Voir la partition
Informations sur cet air

Mais comme elle se désespère,
Fais ton paquet promptement,
Pour les gages tout bonnement
Je resterai... Vas sur la terre,
C’est l’ouvrage d’un moment.
castor

Air : Viens dans ma cellule


J’irais sur la terre
Moi, sans vous, mon frère !
Si c’est à ce prix,
Je reste ici.
pollux
Laisse-moi faire.
castor
J’irais sur la terre
Moi, sans vous, mon frère !
De votre bonté,
En vérité
Je suis flatté.
pollux
Mais écoute donc
Une raison !
castor
Je n’entends rien
Et je fais bien.
pollux
Il est nécessaire,
Télaïre... hélas !
Se meurt.
castor
Je ne vous entends pas.
pollux

Air : Vous m’entendez bien

Voir la partition
Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Quoi, j’aurai fait un pas de clerc.
Mais je vois bien ce qui vous perd,
Ces ombres sont gentilles.
castor
Eh bien ?
pollux
Vous aimâtes les filles,
Vous m’entendez bien.

Scène vi

Mercure accourant précipitamment, Pollux, Castor

mercure

Air : Monsieur le Prévôt des marchands

Voir la partition
Informations sur cet air

Vite, finissez vos débats,
Jupiter arrive ici bas,
La chose est assez singulière.
Mais il arrive incognito,
Je viens d’en informer son frère,
Qui ma foi tombe de son haut.

Air : Cotillon couleur de rose, mineur


Il a pris pour venir ici,
Le nom de Baron du Tonnerre,
Libre de l’étiquette ainsi,
Il n’est point d’honneurs à lui faire,
Et c’est tant mieux,
Car si les cieux
Avec lui descendaient sous terre,
Il ferait jour
Dans ce séjour
Et ce serait un plaisant tour.

Scène vii

Pluton, Jupiter, Castor et Pollux

jupiter, en habit fourré, guêtré, un passe-montagne sur la tête et une canne à la main

Air : Oh, oh, ah, ah et pourquoi donc

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Pourquoi point de lumière
Dans ces escaliers-là ?
Y fait-il toujours, frère,
Aussi noir que cela ?
Oh, oh, oh, ah, ah, ah,
Et pourquoi donc l’on n’y voit pas ?
pluton

Air : Il faut que je fracasse cette maudite glace


Pouvais-je jamais croire
Que vous viendriez boire
De mon vin dans ces lieux ?
Ma surprise est extrême.
jupiter
Je le crois bien de même.
Mais m’y voilà.
pluton
Tant mieux !
jupiter

Air : Je suis un bon frotteur


Ce qui m’amène ici
Est tout simple. Voici
Le mystère.
C’est un hasard heureux
Qui de vos neveux
Peut faire des dieux.
J’en ai déjà fait un,
Cela n’est pas commun,
Et j’espère
Les faire tous les deux.
Car j’ai dans les cieux
Deux places pour eux.
Or du cadet,
J’ai bien du regret.
Rendez-le moi, frère,
Je puis un jour
Vous servir à mon tour.
pluton

Air : Pour la Baronne

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Je vous le donne.
Seigneur ! Vous n’aviez qu’à parler.
jupiter
Nous n’en dirons mot à personne.
pluton
Qu’importe ? Il n’a qu’à s’en aller,
Je vous le donne.
castor, sautant au col de Jupiter, de Pluton, et de Pollux qu’il embrasse l’un après l’autre

Air : Pierrot, sur le bord d’un ruisseau


Vous me comblez tous de bienfaits,
Souffrez mon père, mon oncle, mon frère,
Vous me comblez tous de bienfaits,
J’en suis pénétré pour jamais.
Je n’ai plus qu’un souhait à faire,
Vous savez que j’aime...
jupiter
Ce coquin-là
Voudrait encor se marier.
castor
Oui-da.
Ah ! Je voudrais bien voir ça !
jupiter

Air : La Royale


Il me vient
Une idée assez drôle,
Qui pourtant convient
À ma visite folle
En ces lieux.
Soit dit, sans vous déplaire,
Nous pourrions bien faire
La noce, mon frère.
pluton
Oui je le veux,
J’ai même une fête
Déjà toute prête,
Car la voilà.
On entend une symphonie de divertissement.
jupiter
Mercure, allez vite
Chercher la petite,
Amenez-la.
Mercure part à l’instant pour aller chercher Télaïre.
divertissement
Quatre quadrilles de démons, sous différentes formes et deux d’ombres forment le ballet. Sur la fin du ballet Mercure amène Télaïre.

Scène viii

Télaïre, Mercure, Jupiter, Pluton, Pollux, Castor, troupe de démons

télaïre, ne paraissant point encore

Air : Ah ! j’ai grand peur


Où suis-je ? Hélas ! Quelles horreurs !
Ah ! Je me meurs. Ah ! Je me meurs.
mercure
Ne craignez rien, mon petit cœur.
télaïre
Ah ! J’ai grand peur. Ah ! J’ai grand peur.
mercure, entrant et tenant Télaïre par la main

Air : Y allons donc, Mademoiselle


Et allons donc Mademoiselle !
Vous faites bien des façons.
Quand l’Amour vous tient l’échelle,
Vous avez peur des démons.
Et allons donc Mademoiselle !
Vous faites bien des façons.
télaïre, courant à Castor qu’elle aperçoit le premier en entrant sur la scène

Air : Ah ! maman, ah ! maman


Ah ! Castor,
Ah ! Castor,
Eh vite que je t’embrasse.
Ah ! Castor,
Ah ! Castor,
Mais je croyais te trouver mort.
castor
Ma Princesse, l’on m’a fait grâce.
Je renais et revis pour vous encor.
télaïre
Ah ! Castor,
Ah ! Castor,
Eh vite que je t’embrasse.
Ah ! Castor,
Ah ! Castor,
Mais je croyais te trouver mort.
pluton, à Jupiter

Air : Babet, que t’es gentille

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Je ne le blâme pas,
Car elle est fort gentille.
télaïre
Seigneur, mon embarras...
jupiter
Remettez-vous ma fille :
Castor immortel,
télaïre
Me plaira bien tel.
pluton
Je le crois bien ma mie.
jupiter
Je vous le donne pour époux.
pollux
Et moi je n’en suis point jaloux.
télaïre, en faisant une grande révérence à tous trois
Mais Messieurs vous me comblez tous,
Je vous en remercie,
Je vous en remercie.
divertissement, général qui finit par l’air

Air : Joli mois de mai, que tu nous rends le cœur gai


pluton, vivement sur le dernier air
Aux démons.
Venez faire carillon,
Vous que je tiens en cage.
Vous n’avez point vu Pluton,
Danser encore, je gage.
En sautant et dansant en rond.
Vous le verrez donc,
Car il va danser en rond.
À Jupiter.
Tu m’as l’air d’un beau danseur,
Toi, qui tiens le tonnerre,
Ça ne fais pas le Seigneur,
Viens danser aussi, frère.
Haut le pied, Baron,
Viens-ça, viens danser en rond.
Pour célébrer tes gémeaux,
Je fais de bonne grâce
Des entrechats et des sauts.
Mais que chacun en fasse.
Haut le pied, Baron,
Viens-ça, viens danser en rond.
À l’Hymen de mon neveu,
Que l’enfer applaudisse !
Démons, mettez tout en feu,
Et que cela finisse.
Sans adieu Baron
C’est assez danser en rond.
Fin

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