Nanine, sœur de lait de la reine de Golconde

Auteurs : Gondot (Pierre-Thomas)
Parodie de : Aline, reine de Golconde de Sedaine et Monsigny
Date: 1773
Représentation : 1773 Château de Fontainebleau
Source : Paris, Duchesne, 1768 et 1773
François-Georges Fouques Deshayes, dit Desfontaines

Nanine, sœur de lait de la Reine de Golconde


Parodiée, par imitation, sur les plus jolis airs connus, en trois actes, et quelques vaudevilles

1768
Paris, Duchesne, 1768
Précis du sujet de Nanine
Nanine, fille d’un particulier dans l’indigence, est mise en nourrice dans un Hameau éloigné de Paris. Son père part pour les Îles, sans que l’on sache ce qu’il devient, et abandonne Nanine aux soins des paysans auxquels il l’a confié. Ceux-ci n’ayant aucune nouvelle du père, continuent d’élever Nanine comme leur enfant, et la prennent en amitié.
Nanine, à l’âge de quatorze ans, voit par hasard Saint Phal, alors Cornette de Dragons ; elle conçoit pour lui l’amour le plus vif. Saint Phal obligé de suivre la profession des Armes, n’a plus d’occasion de revoir Nanine, mais il ne cesse de conserver pour elle tous les sentiments qu’elle lui a inspirés. Le père de Nanine revient au bout de dix-huit ans, après avoir fait la fortune la plus brillante. Son premier soin est de chercher sa fille qu’il retrouve. Il achète des biens considérables, et un magnifique Château ; vient à mourir dans l’année et laisse toute sa fortune à sa fille.
Nanine pensant toujours à Saint Phal, ne cherche point à se marier. Saint Phal, qui, lors de la connaissance de Nanine, était Cornette de Dragons, en est devenu Colonel. Le hasard amène son Régiment dans le voisinage du Château de Nanine. Il entend parler d’une jeune et jolie personne qui l’habite. Il va lui faire visite avec les Officiers de son Régiment : Nanine le reconnaît, veut l’épouser, et lui retrouvant les mêmes sentiments pour elle, lui donne la main et toute la fortune.

Acteurs


Nanine, jadis Bergère, actuellement riche héritière
Marthon, fille de Chambre de Nanine
Un Maître d’Hôtel
Saint Phal
Plusieurs Officiers, du Régiment de Saint Phal
Domestiques, de la suite de Nanine
Principaux Bergers
Principales Bergères
Pâtres
Dragons
La scène est dans le château et dans le parc de Nanine.

Nanine, sœur de lait de la Reine de Golconde


Acte i

Le théâtre représente un joli cabinet de toilette, en avant d’un salon. L’on y voit une toilette toute dressée.

Scène i

Marthon, le Maître d’Hôtel

marthon, accourant, et ayant vu une douzaine d’officiers dans la cour de sa maîtresse

Air : Mon Dieu ! Le bon temps que c’était à Paris durant la famine


Il arrive du monde ici,
Tous les gens sont à la cuisine,
Jusqu’aux Femmes de chambre aussi ;
Pas une pour coiffer Nanine.
Monsieur le Maître, courez-y ;
Faites-en monter cinq ou six.
Marthon arrangeant la toilette ; on entend claquer un fouet, et l’on voit accourir précipitamment une douzaine de valets, frotteurs, palefreniers, qui se rangent en file, comme pour attendre quelqu’un.

Scène ii

Marthon, Nanine

nanine, en joli déshabillé, avec un peignoir de dentelle, accourant bien vite, suivie et précédée de cinq à six filles de chambre, s’adressant à l’une d’elles

Air : Jardinier, ne vois-tu pas

Voir la partition
Informations sur cet air

Tu dis qu’ils sont dans ma cour,
Qu’ils viennent en visite.
marthon
Madame, ils sont faits au tour.
nanine
Va leur dire qu’il fait jour ;
Va vite,
Va vite,
Va vite.

Scène iii

Saint Phal, Marthon, Nanine, un valet de chambre, plusieurs officiers

Un Valet de Chambre, annonçant à haute voix

Monsieur de Saint Phal, Colonel de Dragons, et Messieurs les officiers de son régiment.


Nanine se lève, fait une grande révérence, et se remet à sa toilette, ayant une coiffe de gaze qui lui cache le visage.
Saint Phal

Air : J’avais cru trouver des mœurs aux Demoiselles des Chœurs


Un Colonel de Dragons
Qui parcourt les garnisons ;
Ami du bon voisinage,
Peut-il, sans être suspect,
Vous présenter son hommage,
Et ces Messieurs, leur respect ?
Tous les officiers s’inclinent, et Nanine se relève pour faire une nouvelle révérence.
Le Major du Régiment de Saint Phal

Même air


Les ordres les plus précis
Sont donnés dans le pays ;
Vos potagers, vos parterres,
Partout seront à l’abri ;
Et nous ne ferons de guerres
Qu’à tous les beaux yeux d’ici.
Saint Phal, s’approchant de la toilette pour tâcher de voir Nanine qui a toujours la gaze sur son visage

Air : Vous respirez le parfum d’une rose


Nous savons tous que vous êtes jolie.
Pourquoi vouloir nous cacher vos attraits ?
Levez, levez ce voile, je vous prie.
L’amour s’y cache, et nous bravons ses traits.
Bien disposés à chercher à vous plaire,
Ne craignez point de montrer deux beaux yeux ;
Il est, Madame, au cœur d’un militaire
Des égards sûrs, et du respect pour eux.
nanine, reconnaît Saint Phal, se lève avec transport, renverse sa chaise, la toilette, et s’écrie

Air : Ah ! Qu’ai-je vu


Ah ! Qu’ai-je vu ?
Ô Ciel ! Qu’ai-je entendu ?
En courant.
Ah ! Marthon !
Ah ! Marthon !
En saluant les officiers.
Pardon, Messieurs, pardon.
Elle se sauve précipitamment dans le salon. Marthon court avec elle. Tous les officiers se regardent. Marthon rentre.
marthon, à Saint Phal

Air : Toujours va qui danse


Ma maîtresse va s’habiller,
Et me charge de vous dire
Qu’ici, ce soir, on vient danser.
Qu’elle veut vous instruire
Du secret le plus important,
Que vous puissiez apprendre...
Elle fait une profonde révérence à Saint Phal.
Ne manquez, par conséquent,
Monsieur, de vous y rendre.
Saint Phal

Tu peux assurer ta maîtresse que je n’y manquerai certainement pas.


marthon

Si vous vouliez, Messieurs, vous promener dans le parc, vous pourriez vous amuser, non seulement de la promenade, mais d’une jolie fête qui s’y prépare, et les ordres sont donnés pour que l’on vous conduise partout.


Saint Phal

Nous n’avons rien de mieux à faire, et nous en profiterons avec grand plaisir.


Scène iv

Nanine, Marthon

nanine
Le tendre cœur de ta Bergère est incapable de changer Du Serrurier
Ah ! C’est lui, Marthon, c’est lui-même ;
Oui, oui ;
C’est lui,
C’est mon Amant ;
Celui que, depuis si longtemps
Toujours absent,
Toujours j’attends.
Quel évènement !
Quel jour charmant !
Oui, oui,
C’est lui.
Oui,
Mon tendre cœur qui toujours l’aime,
Éprouve un doux enchantement.
Mineur
Qu’après une longue absence
Son retour a de douceur !
J’en conserverais l’espérance
Sans cesse au fon de mon cœur.
J’en suis encor émue.
A peine a-t-il dit un mot,
Mon âme entière aussitôt
Dans ses yeux s’est confondue.
Oui, c’est lui, Marthon, c’est lui-même, etc.
marthon, d’un ton ironique

Air : Ombrage frais, ornement de nos forêts,


De vos amours
En vous occupant toujours,
Pensez-vous qu’il en soit ainsi d’un Militaire ?
Ces Messieurs-là,
(Vous ne les connaissez pas)
D’un sentiment durable ont-ils jamais fait cas ?
nanine
Je veux le savoir,
Et dès ce soir,
Si le volage
A pris son parti,
Je décampe d’ici.
Si cet ingrat,
Méconnaissant mon état,
Parjure à ses serments, ose me faire outrage,
Vois cet anneau
Dont il m’a fait le cadeau ;
À ses yeux dans l’instant je le mets par morceau.

Air : Des champs, de la prairie, revenant


Tu connais ce village
À cent pas du Château ?
marthon
L’on ne peut davantage.
nanine
Et ce petit hameau ?
Tu connais ce bocage ?...
marthon
Je connais tout cela.
nanine
Je n’ose.
marthon
Allons, courage.
nanine
Eh ! bien... ce n’est pas là.

Air : Ton humeur est, Catherine

Voir la partition
Informations sur cet air

Mais c’est sur cette colline,
À gauche en sortant d’ici,
Où souvent, sombre et chagrine,
Je vais porter mon ennui,
C’est là que, dès mon aurore,
Un jour, grands Dieux ! quel beau jour !
Dans ses yeux je vis éclore
Les premiers feux de l’amour.

Air : Eh ! mais oui-dà


Arrosé de mes larmes,
Tu sais bien ce gazon ?
marthon
Je m’en peins tous les charmes.
nanine
Ah ! ma pauvre Marthon !
marthon
Eh ! mais oui-dà,
L’on ne peut pas trouver de mal à ça.
nanine, s’attendrissant

Air : Ne v’là-t-il pas que j’aime


Il me conduit sur ce gazon,
Mon trouble était extrême.
Je dis cent fois oui, cent fois non ;
Et, la dernière... j’aime.

Air : Nous jouissons dans nos hameaux


Avec quel air, quelle façon
Il vous disait les choses !
Quel enjouement, et quel bon ton !
Semant partout des roses.
Tu sais par cœur cette chanson
Que toujours je répète.
Ah ! le croirais-tu bien, Marthon ?
Elle fut ma défaite.
Elle chante à Marthon cette chanson favorite que Saint Phal lui chantait.

Air : Un Berger, quand on l’écoute


Nos plus beaux jours, ma bergère,
Sont ceux qui passeront les premiers...
Ma chère,
Sans penser aux derniers,
Que le myrte qu’Amour donne,
Cueilli par toi, sur toutes les fleurs,
Couronne
Nos tendres cœurs.
Il n’est point sans amour
D’heureux séjour,
Ni de beau jour.
La Fauvette
Que guette
L’habitant
De ce bocage,
Entend
L’amoureux ramage,
S’engage,
Chante, et se rend.
Oui, nos plus beaux jours, ma bergère,
Sont ceux qui passeront les premiers.
Ma chère,
Sans craindre les derniers,
Que le myrte qu’Amour donne,
Cueilli par toi, sur toutes les fleurs,
Couronne
Nos tendres cœurs.
Tout ici n’est que mensonge,
La vie est un songe...
Est un songe
Qui nous plonge,
Et nous suit d’erreur
En erreur.
Le désir
D’avoir une rose,
Dérobe l’épine au plaisir.
Pour la cueillir,
À peine éclose ;
Longtemps on l’arrose.
Si l’on diffère, si l’on n’ose,
Le lendemain
L’on n’a rien.
Oui, nos plus beaux jours, ma bergère,
Sont ceux qui passeront les premiers.
Ma chère,
Sans craindre les derniers,
Que le myrte qu’Amour donne,
Cueilli par toi, sur toutes les fleurs,
Couronne
Nos tendres cœurs.
On entend des tambours, des instruments champêtres, Nanine s’éloigne. Elle sort avec Marthon.

Scène v

Bergers et bergères

Le théâtre change et représente une belle avenue dans une prairie. L’on voit arriver, au son des tambours, trompettes et instruments champêtres, une quantité de bergers et de bergères galamment habillés, au milieu desquels on aperçoit six bergers choisis pour tirer l’oie au sabre. Ces bergers sont parés de leurs bonnets ornés de rubans et de guirlandes de fleurs. L’oie est portée à la tête au bout d’une perche garnie de fleurs, et toute cette troupe s’avance sur la marche des Indes Galantes, ou tel air qu’on voudra.
Lorsque tout est arrivé, les bergers et les bergères se rangent en deux files ; les bergers suspendent l’oie à une guirlande de fleurs d’un arbre à l’autre. Les tireurs préposés s’avancent au milieu, et vont successivement jusqu’à l’oie, en la manquant, et jusqu’à ce que l’un d’eux lui ait abattu la tête. On entend divers fanfares à chaque marche des tireurs. Pendant tout le divertissement Saint Phal est sur le balcon d’un pavillon qui donne sur une pièce d’eau, accompagné de quantité d’officiers de son régiment.
Une bergère au moment que l’oie a été tirée, fait signe aux officiers de descendre
Fanfare.

Air : Accourez, Nymphes printanières


Accourez tous sur ces rivages,
Accourez, Messieurs les Dragons ;
Venez danser dans ces bocages :
L’Amour habite ces vallons.
Nuit et jour dans ces lieux charmants
Tout retentit de ses accents.
Les plus doux plaisirs
Font naître les désirs,
Amusent nos loisirs.
Accourez tous sur ces rivages, etc.
divertissement, général

Air : Les dragons n’ont point d’argent pour aller en campagne


Pas de Deux

Air : Tambourin,

Voir la partition
Informations sur cet air

Pendant le divertissement Saint Phal paraît s’ennuyer et chercher de tous côtés. Une bergère s’avance à lui suivie de deux autres, qui lui chantent toutes trois les couplets suivants sur l’air qui forme le divertissement.
Première Bergère

Air : Que ne suis-je La Fougère

Voir la partition
Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Vous avez, mon Gentilhomme,
L’air de regretter Paris.
En vérité, voilà comme
On ne voit que son pays.
Sur les rives de la Seine
On peut avoir des désirs ;
Mais ici, sans soins, sans peine,
L’on trouve de vrais plaisirs.
Seconde Bergère

Même air


Ces plaisirs qu’on y voit naître,
Sont simples et sans apprêts ;
Sans cesse on les voit s’accroître,
Rien ne les trouble jamais.
Telle que dans la prairie,
Aux doux sons des chalumeaux,
Une Bergère jolie
Folâtre avec ses agneaux.
Troisième Bergère
Cherchiez-vous dans les villes
Honneur, sentiments, vertus ?
Tout cela n’a plus d’asiles
Sous les lambris de Plutus.
Chez vous la simple nature
Forma l’esprit et les mœurs ;
Mais aujourd’hui l’imposture
A dépravé tous vos cœurs.
Première Bergère
Jadis vos jeunes Bergères
N’avaient chacune qu’un cœur ;
Elles étaient moins légères,
Et n’avaient qu’un serviteur.
Toutes à présent coquettes,
Sur l’ombre d’un faux serment,
Elles fanent les fleurettes
Qui naissent du sentiment.

Même air


Aussi toutes délaissées,
Comme les ronces d’un champ,
Elles sont presque effacées
À la fleur de leur printemps.
Trop tard elles reconnaissent
Les abus et leurs erreurs ;
Et les temps qui disparaissent,
Ont déprisé leurs faveurs.
On danse.
une petite jardinière, tenant une corbeille de fleurs, vient présenter des bouquets à SaintPhal

Air : Jusque dans la moindre chose, je vois mon amant empreint


Dans ces beaux lieux la Nature
Ne nous offre que des fleurs.
C’est de nos champs la parure,
Respirez-en les odeurs.
L’Amour a cueilli ces roses
Exprès pour vous enflammer ;
Et jusques aux moindres choses.
Tout ici vous dit d’aimer.
Saint Phal, badinant avec la petite jardinière

Air : Ton joli petit


Ces fleurs, gentille jardinière,
Feraient sur moi le plus sensible effet,
S’il n’était pas une Bergère
Qui de tous mes vœux est l’unique objet.
Cache-moi, par cette raison,
Ton joli petit,
Ton joli petit,
Ton joli petit
Corbillon.
Contredanse générale

Air :


La jardinière presse Saint Phal ; il prend les bouquets, les attache à son côté, et va s’asseoir sur un banc de gazon sur la fin de la contredanse, et tandis que les bergers se retirent, il chante en paraissant s’endormir :

Air : Est-il de plus douces odeurs


Quel est le parfum de ces fleurs !
Il m’enivre, il m’agite.
Je souffre en sentant ces odeurs,
Et mon cœur palpite.
Je serais tenter de penser,
(Mais c’est une chimère,)
Que ces fleurs auraient du parer
Le sein de ma Bergère.
Il est censé s’endormir. La toile se baisse.
finacte

Acte ii

Le théâtre représente un vallon charmant. On voit sur la gauche une colline, au bas de laquelle est un petit pont.

Scène i

Saint Phal endormi sur un banc de gazon et s’éveillant

Saint Phal
Le beau Menuet des Bezozzy Quand Tarquin prit par force Lucrèce
Où suis-je transporté ? quels spectacles !
Dans ces nouveaux champs
Quels objets charmants
Ravissent mes sens ?
Plus mes yeux contemplent ces miracles,
Plus je crois qu’Amour
Veut, dans ce séjour,
Me jouer d’un tour.
Il se lève avec vivacité, en apercevant la colline.
Mais que vois-je ? ô ciel ! que vois-je ? la colline
Où ma Nanine,
Pour la première fois,
S’offrit à moi,
Baissant sa timide paupière,
D’un air de pudeur,
D’un air de candeur
Qui charmait mon cœur.
Voir, aimer, toucher le cœur de ma Bergère.
Être épris des plus beaux feux et lui plaire ;
Ô souvenir !
Ô félicité mensongère !
Au sein du plaisir,
Son premier soupir
Fixa mon ardeur.

Air : Je vais te voir, charmante Lise


Je ne la vois, ne puis l’entendre ;
Je la vois, l’entends chaque jour.
Mystère connu d’un cœur tendre,
Tu n’existes qu’avec l’amour.
En vain l’on voudrait s’en défendre ;
Oui, sans voir la divinité,
On l’adore, l’on veut lui rendre
Tout ce que peut l’humanité.
Je ne la vois, ne puis l’entendre ;
Je la vois, l’entends chaque jour.
Mystère connu d’un cœur tendre,
Tu n’existes qu’avec l’amour.
Il aperçoit une jeune bergère au haut de la colline.

Air : Monseigneur, voyez mes larmes


L’ennui cruel qui me ronge,
Au charme qui se prolonge,
Vient joindre un nouveau mensonge,
Pour amuser mon réveil.
Grands Dieux ! si ce n’est qu’un songe,
Ah ! rendez-moi mon sommeil,
Ah ! rendez-moi mon sommeil.
J’aperçois une mortelle ;
C’est Nanine... oui, c’est elle...
Et quelle autre est aussi belle ?
Et quelle autre a plus d’attraits ?
Nanine... ah ! c’est elle,
Je reconnais tous ses traits.
En l’admirant comme elle descend de la colline.
Image des Dieux sur terre,
Au plus beau jour qui l’éclaire,
Elle prête sa lumière,
Et de lui n’emprunte rien,
Que la flamme qu’elle enterre
Dans un cœur comme le mien,
Dans un cœur comme le mien.
De Vénus portrait fidèle,
Des Grâces parfait modèle,
Eh ! quelle autre est aussi belle ?
Eh ! quelle autre a plus d’attraits ?
Mais, mais,
L’ennui cruel qui me ronge,
Au charme qui se prolonge,
Ajoute un nouveau mensonge,
Pour amuser mon réveil.
Grands Dieux ! si ce n’est qu’un songe :
Ah ! rendez-moi le sommeil,
Ah ! rendez-moi le sommeil.

Scène ii

Saint Phal, Nanine

Saint Phal, court avec vivacité au-devant d’elle, lui donne la main, et tombe à ses genoux

Ah ! ma chère Nanine, en croirai-je mes yeux ?


Air : Non, non, Colette n’est point trompeuse


Non, non, je ne puis te méconnaître,
Et je tombe à tes genoux.
Grands Dieux ! quel beau jour je vois renaître !
nanine
Mon cher Saint Phal, est-ce vous ?
Mon cher Saint Phal, est-ce vous ?
duo, ensemble
Par quel étonnant mystère ?
Ô moments délicieux !
nanine
Ah ! Saint Phal !...
Saint Phal
Ah ! ma Bergère !...
ensemble, ensemble
Quel Dieu te rend à mes vœux ?
Saint Phal
Non, non, je ne puis te méconnaître,
Et je tombe à tes genoux.
Ô ciel ! quel beau jour je vois renaître !
nanine
Mon cher Saint Phal, est-ce vous ?
Mon cher Saint Phal, est-ce vous ?

Air : Quand on sait aimer et plaire


Qu’il est doux lorsque l’on aime,
De retrouver son vainqueur !
Ah ! Saint Phal, es-tu le même ?
Me rapportes-tu ton cœur ?
Je ne te dis point les larmes...
Non, je ne m’exprimerais pas...
Tu dissipes mes alarmes :
Ô moments trop pleins d’appas !
Qu’il est doux lorsque l’on aime,
De retrouver son vainqueur !
Mais, Saint Phal, es-tu le même ?
Me rapportes-tu ton cœur ?
De ce sentiment durable,
Qui comble tout mon espoir,
Le prix est inestimable.
J’ai peine à le concevoir.
Qu’il est doux lorsque l’on aime,
De retrouver son vainqueur !
Mais, Saint Phal, es-tu le même ?
Me rapportes-tu ton cœur ?
Saint Phal, avec transport

Qui ? moi, ma chère Nanine ! si je suis toujours le même ? si je te rapporte mon cœur ? Ah ! ma chère Nanine !


Air : Ce que je dis est la vérité même


La vérité n’a que de faibles armes,
À regret elle se défend.
C’est offenser et mon cœur et tes charmes
Que de douter du cœur de ton amant.
Loin de toi, ma chère Nanine,
Je n’ai vécu... n’ai vécu pas un jour...
Ne voyant que cette Colline
Et tes beaux yeux, et mon amour.
La vérité n’a que de faibles armes,
À regret elle se défend.
C’est offenser et mon cœur et tes charmes
Que de douter du cœur de ton amant.

Oui, ma chère Nanine, ce serait la plus cruelle de toutes les injustices, si tu me croyais capable d’avoir pu t’oublier un seul instant de ma vie.


Air : Que ne suis-je La Fougère

Voir la partition
Écouter (midi) Voir la partition Informations sur cet air

Dès le matin, quand l’Aurore,
Ouvrant les portes du jour,
Du lit et des bras de Flore
Venait arracher l’Amour ;
L’âme inquiète, agitée,
Sans repos et sans sommeil,
Nanine était mon idée,
Nanine était mon réveil.

Air : Mon berger volage


Nanine était l’image
Que mon œil amoureux
Voyait dans le nuage
Suspendu dans les cieux ;
Cette ombre caressée,
Suivant partout mes pas ;
Cette douce pensée
Qui ne me quittait pas.

Même air


Nanine était l’aurore
Coursière d’un beau jour,
Qui déploie et qui dore
Les ailes de l’Amour.
Elle était la Bergère
Qui sous un dais de fleurs,
Sur un lit de fougère,
Rassemble tous les cœurs.
nanine

Ah ! mon cher Saint Phal !


Saint Phal, avec vivacité

Air : Dans nos hameaux, la paix et l’innocence


Si du monde le plus brillant Empire
Me fut offert avec mille Beautés,
Mille Beautés... comme il s’en peut dire,
Même au-dessus de nos Divinités ;
Je t’eusse dit, en voyant la première
M’offrir en vain mille charmes divers :
À tes genoux... dans un coin de la terre,
Nanine... je suis le Roi de l’Univers.
nanine, attendrie aux larmes et donnant ses mains à Saint Phal

Air : Ce que je dis est la vérité même


Est-ce un baiser qu’il faut que je te donne ?
Mon cher Saint Phal, est-ce un baiser ?
En le lui donnant avec des fleurs de sa tête.
Tiens, le voilà. Tiens, voilà ma couronne.
Voilà mon cœur. Que puis-je te donner ?
Elle détache encore son bouquet.
Prends ces fleurs. Elles sont l’image
De ma candeur et de ma bonne foi.
Qu’à jamais elles soient le gage
Des sentiments que j’ai pour toi.
Est-ce un baiser qu’il faut que je te donne ?
Mon cher Saint Phal, est-ce un baiser ?
En voilà deux. Tiens voilà ma couronne.
Voilà mon cœur. Que puis-je te donner ?
L’on entend des musettes et des instruments champêtres au haut de la colline.
nanine, agitée

Air : Goûtons bien les plaisirs, bergère

Voir la partition
Informations sur cet air

Saint Phal, il faut que je te quitte :
Les Bergers viennent en ces lieux.
Déjà toute interdite...
S’ils nous voyaient tous deux...
Je reviendrai bien vite
Prendre part à leurs jeux.
Elle regarde si les bergers ne paraissent pas, et veut s’éloigner.
Saint Phal

Air : Toujours seule, disait Nina


Non, je ne puis plus te quitter ;
Non, ma chère Nanine.
nanine
Cesse, cesse de résister ;
J’en ai l’âme chagrine.
Saint Phal
Sans toi puis-je vivre à présent ?
nanine
Je ne sors que pour un instant.
Saint Phal
Pourquoi cela ?
Quel embarras !
nanine
Tu le sauras ;
Reste là,
Là.
Elle s’échappe.
Les bergers et les bergères descendent de la colline.

Scène iii

Plusieurs bergers, Saint Phal

divertissement

Air : quatrième acte – de Thésée


Saint Phal, errant de côté et d’autre en cherchant Nanine, s’avance vers les Bergers

Air : L’avez-vous vu, mon bien-aimé,


Connaissez-vous, gentils bergers,
La charmante Nanine ?
Premier Berger
Elle habite dans nos vergers,
Cette beauté divine.
Elle en est l’amour et l’honneur ;
Chacun se dispute son cœur ;
Mêmes ardeurs :
Toutes nos fleurs
Sont pour orner sa tête :
Nous l’adorons,
Nous la chantons ;
C’est tous les jours sa Fête.
Second Berger, en continuant la Romance
Le ciel ne fit rien de si beau :
Voulez-vous en voir le tableau ?
Tout ce qu’Amour,
Dans un beau jour,
Put faire mieux d’après sa mère,
Fut fait pour cette Bergère.
Nanine à peine vit le jour,
Que, volant sur ses traces,
Les Ris et les Jeux, tour à tour,
D’accord avec les Grâces,
Accoururent sur son berceau
Pour voir ce prodige nouveau,
Pour l’élever,
Pour le former,
Pour l’embellir encore
Par les talents,
Les agréments,
Qui ne cessent d’éclore.
Troisième Berger, continuant toujours la Romance
Sur ses lèvres est le rubis
Sur son teint de blancheur de lys ;
Fraîcheur de bain,
Odeur de thym ;
Telle enfin qu’une rose
Qu’au point du jour,
Brûlant d’amour,
Le doux Zéphyr arrose.
Premier Berger, toujours continuant la Romance
Si Nanine vient au bosquet,
D’abord le Rossignol se tait,
Et doucement
En s’agitant,
Il vient sur le dernier feuillage,
Joindre à sa voix son ramage.
Second Berger, toujours continuant la Romance
Qui peut voir Nanine une fois,
Ne voit plus que Nanine ;
Il ne veut plus suivre de lois
Que celles de Nanine.
Effet d’un aimable penchant,
Elle est toujours l’objet présent.
Tous les oiseaux,
Tous nos échos
La nomment dans la plaine.
Tout ne la voit,
Ne la connaît
Que pour Souveraine.
Si d’un pied brillant et léger,
Dans nos bois elle vient danser,
Ses jolis pas
Forment des lacs
Que l’amour entrelace,
Et les gazons
De ces vallons
En conservent la trace.
Saint Phal, transporté de joie, embrasse tous les bergers.
divertissement, général

Air : Eh ! mais, oui-dà


Couplets du divertissement mêlés de danses.
Entrée d’un Niais et d’une Niaise
Saint Phal, se mêlant avec les bergers, et dansant avec eux

Air : Eh ! mais, oui-dà


En chantant ma Bergère,
Vous qui la connaissez,
Vous ne sauriez mieux faire,
Adorable Bergers ;
Eh ! mais, oui-dà,
On ne peut pas trouver de mal à ça.
On danse.
L’Amour qui la fit naître,
Lui donna mille attraits.
Le Niais, en l’interrompant
Mais il cacha, le traître !
Dans ces yeux certains traits.
Eh ! mais, oui-dà,
Il est pourtant un peu de mal à ça.
On danse.
Il descend sur sa gorge,
Il se niche en son sein.
Oh ! oh ! c’est là qu’il forge
Le trait le plus malin.
Eh ! mais, oui-dà,
Il est de la barbarie à cela.
Saint Phal
L’infidèle Thésée,
Qu’Ariane pleura,
N’eut point abandonnée
Cette Bergère-là.
Eh ! mais, oui-dà,
Il aurait fait ce qu’il devait à ça.
On danse.
Fugitifs de cette Île,
Où régnaient des Beautés,
Mentor et son pupille
Chez elle auraient resté ;
Eh ! mais, oui-dà,
Ils auraient fait ce qu’ils devaient à ça.
On danse.
Le Niais
Narcisse, pâle et blême,
N’aurait jamais été
Amoureux de lui-même,
Près de cette Beauté.
Eh ! mais, oui-dà,
Il aurait fait ce qu’il devait à ça.
On danse.
En habit à la Grecque,
En pauvre Pèlerin,
L’on irait à la Mecque
Pour lui baiser la main.
Eh ! mais, oui-dà,
On ne peut pas trouver de mal à ça.
On danse.
Contredanse de la fin

Air : Tambourin,

Voir la partition
Informations sur cet air

finacte

Acte iii

La scène représente une salle magnifique ajustée et préparée pour un bal.

Scène i

Saint Phal seul, en Domino, et tenant un masque à la main, regardant de tous côtés, et se promenant à grands pas dans la salle comme un homme agité

Saint Phal

Air : Que l’aurore est loin encore


Quand on a l’amour en tête,
L’on ne fait ce que l’on fait.
On m’invite à cette Fête,
Et déjà tout m’y déplaît.
Quand on a l’amour en tête,
L’on ne fait ce que l’on fait.

Non, je ne conçois rien à tout ceci ; et il y a, dans ce qui m’arrive, quelque chose de surnaturel. Je ne vois encore personne. Que me veut la Dame de ce Château ? Elle a, dit-on, des choses importantes à me dire. Ah ! si elle me parlait de Nanine !...


De Débrosses Romance de Pétrarque
De bois en bois, de pensée en pensée,
L’amour partout m’agite et me conduit ;
À chaque pas, mon âme embarrassée,
Cherche, et croit voir un bonheur qui me fuit.
Je te retrouve, ô Beauté que j’adore,
Et dans l’instant que mes vœux sont remplis,
Ton cœur m’échappe, et te perdant encore,
Je vais, je viens, et je ne sais où je suis.

Scène ii

Marthon, Saint Phal

marthon, tenant aussi un masque à la main et prenant Saint Phal par le bras
Menuet d’Exaudet Point de bruit
D’un objet,
D’un sujet
D’importance,
Puis-je vous entretenir,
En même temps m’ouvrir
À vous en confidence ?
Plus heureux
Qu’amoureux,
Ce mystère
Doit vous paraître assez doux,
Et je ne puis pas vous
Le taire.
Apprenez que ma maîtresse,
À pour vous de la faiblesse ;
Que vos yeux
Dangereux
Ont fait naître,
Pour s’accroître,
Un sentiment délicat,
Dont vous êtes déjà
Le maître.
Ce bonheur
Que son cœur
Vous présente,
Vous donne, avec dix-neuf ans,
De l’esprit, des talents,
Cent mille écus de rente.
C’est pourquoi,
Je vous crois
Trop modeste,
Pour ne pas nous prendre au mot ;
Et vous saurez tantôt
Le reste.
Saint Phal, avec ironie

Air : Bon Dieu ! le bon temps que c’était


Cent mille écus, ma chère enfant,
Pour un Officier sans fortune,
Me feraient grand plaisir, vraiment :
Mais je n’en désire plus qu’une ;
Une bergère a tous mes vœux,
Seule elle peut me rendre heureux.

Air : Jusque dans la moindre chose


Oui, jusqu’au sein de la terre,
Je verrais, je crois, toujours
La jeune et belle Bergère,
Digne objet de mes amours ;
Car jusqu’à la moindre chose,
Tout accroît mon ardeur ;
Et d’elle ma bouche cause
Tous les jours avec mon cœur.
marthon

Quoi ! Monsieur le Chevalier, une Bergère vous ferait renoncer à la fortune que l’Amour vient ici vous offrir ? Une Bergère !... Mais, vous n’y pensez pas ! et quelle est donc cette Bergère si charmante, si adorable, si... ?


Saint Phal

Je ne rougirai assurément pas de te la nommer. C’est Nanine.


marthon, faisant un grand éclat de rire

Nanine... Nanine... !


Saint Phal

Air : Goûtons bien les plaisirs, bergère

Voir la partition
Informations sur cet air

Pour n’être, hélas ! qu’une bergère.
Nanine doit-elle être moins
Celle que je préfère,
L’objet de tous mes soins,
Dont l’amitié sincère
Eut les Dieux pour témoins ?

Même air


La Beauté qui naît à la ville,
N’a sur celle qui naît aux champs
Qu’un plus superbe asile,
De plus beaux ornements ;
Mais l’autre, plus tranquille,
Porte un cœur plus constant.

Même air


Ces lits fastueux où Glicère,
Sous un baldaquin panaché,
Boude, rêve, et s’enterre
Dans un duvet ambré,
Valent-ils la fougère
Où repose Chloé ?
marthon

Voilà, Monsieur le Chevalier, les plus belles choses du monde ! Mais encore un coup, vous extravagueriez, si vous persistiez à ne pas saisir l’occasion qui se présente, et je vous conseille d’y faire les plus sérieuses réflexions.


Saint Phal, avec vivacité

Non, elles sont toutes faites.


Air : Ingrat berger, qu’est devenu


Le don que l’on fait de son cœur,
Est le don de sa vie.
Qui le reprend, manque à l’honneur,
Au serment qui le lie.
Le don que l’on fait de son cœur,
Est le don de sa vie.

Même air


L’Amour naquit dans les hameaux ;
Il mourut sur le trône,
Les fleurs, non de brillants métaux,
Composent sa couronne.
L’Amour naquit dans les hameaux ;
Il mourut sur le trône.

Scène iii

Nanine en joli Domino, et masquée, Marthon, Saint Phal

marthon

Air : Pour passer doucement la vie

Voir la partition
Informations sur cet air

Vous venez à propos, Madame :
Voici monsieur le Chevalier ;
Il va d’une brillante flamme
Avec vous-même s’expliquer.
Elle affecte un rire moqueur.

Air : Ton humeur est, Catherine

Voir la partition
Informations sur cet air

Une petite Bergère,
Habitante de ces lieux,
A trouvé l’art de lui plaire ;
Il ne voit que ses beaux yeux.
Il va vous dire le reste :
Le détail est curieux,
D’ailleurs, il est fort modeste,
Et dit cela tout au mieux.
Saint Phal

Ah ! Madame, pardonnez. Je ne sais où j’en suis. Oui, Madame, il est vrai que j’aime... et que mon amour fait tout le bonheur de ma vie. Permettez que je m’explique.


Air : Dans un verger, Colinette


Les premiers traits qu’Amour lance,
S’arrachent mal aisément.
Ah ! si mon cœur vous offense,
C’est l’effet du sentiment.
Puis-je sans être parjure,
D’un beau feu me dégager ?
Ecoutez mon aventure,
Et vous allez me juger.
Romance de Gaviniés
Je connaissais peu l’amour ;
J’étais jeune encore.
Je vois Nanine un beau jour.
Qui la voit, l’adore.
L’Amour la suit... Je veux fuir...
Il m’est impossible.
D’un coup je me sens férir ;
Le coup est terrible.bis

Suite de l’air : Romance de Gaviniés


Je m’écrie : hélas ! méchant,
Tu m’as fait blessure.
Il redouble, en ajoutant :
N’attends point de cure.
Quoi ! je n’en pourrai guérir !
Ô saveur suprême !
Eh ! bien, puisqu’il faut mourir,
Dis au moins que j’aime.bis

Suite de l’air : Romance de Gaviniés


Ensuite sur mon tombeau,
Tenant son image,
L’éclairant de ton flambeau,
Montre ton ouvrage ;
Pour que tout être vivant
Admire et s’écrie :
Oui, pour elle également
J’eus donné ma vie.bis
nanine, se démasquant, avec vivacité

Air : Ici, tout respire l’amour


Non, je ne puis plus y tenir ;
C’est un martyr.
Je ne puis plus me taire.
Ah ! Saint Phal !...
Saint Phal
Ah ! ma chère !
nanine
Ton amitié sincère
Peut voir maintenant à loisir
De ta Bergère... ère... ère... ère... ère,
Tout le plaisir.
J’ai voulu sonder ton cœur.
Voulu faire ton bonheur ;
Mais c’est le mien que je vais faire.
Non, je ne puis plus y tenir, etc.
L’on entend un bruit considérable, comme des gens qui se battent dans la cour du Château.
nanine, courant à la porte du salon et revenant à Saint Phal
Fanfare des Gardes Accourez sur ces bords
Ah ! quels cris tumultueux !
Quels sont ces séditieux ?
Qui peut venir dans ces lieux
Exciter ce tapage affreux ?
Saint Phal, voyez, s’il vous plaît,
Ce que c’est.
Comme maître d’ici,
Courez-y,
Et qu’on ouvre aussitôt
Toutes les portes du Château.

Scène iv

Marthon, Nanine

marthon

Tranquillisez-vous, Madame ; ce n’est rien. Ce sont les gens de Monsieur le Chevalier qui le demandaient, les vôtres qui ne voulaient pas les laisser entrer, quelques musiciens ivres. J’ai dit que vous alliez paraître tous deux, qu’il était question de mariage, et tout s’est converti en cri de joie. J’ai fait ouvrir les portes, et voici tout le monde qui arrive.


L’on voit entrer une foule d’officiers, de masques, de principaux habitants de l’endroit.
nanine, courant à eux

Air : J’ai fait un choix... J’aime


J’ai fait un choix,
Et dès ce soir je me marie.
J’ai fait un choix ;
Saint Phal a mon cœur et ma foi.
C’est sous ses lois
Que les plus beaux jours de ma vie
Vont désormais
Goûter les biens les plus parfaits.
Amour, c’est ton ouvrage :
Reçois-en mon digne hommage.
Mon plus cher avantage
Sera d’éprouver tes bienfaits.
J’ai fait un choix,
Et dès ce soir je me marie :
J’ai fait un choix ;
Saint Phal a mon cœur et ma foi.
On danse.

Scène v

Troupe de bergers galants et de bergères

Une principale Bergère, allant à Nanine et à Saint Phal

Air : J’ai fait un choix... J’aime


Au plus beau choix
Qu’Amour ait pu former lui-même,
Au plus beau choix
Nous venons tous joindre nos voix.
C’est dans nos bois
Que l’on soupire et que l’on aime,
C’est dans nos bois
Que de l’Amour on suit les lois.
Ici de sa Bergère
L’amant heureux qui sait plaire,
Alors qu’il désespère,
Voit accomplir tous ses souhaits.
Au plus beau choix
Qu’Amour ait pu former lui-même,
Au plus beau choix
Nous venons tous joindre nos voix.

Scène vi

Entrée de Pâtres mêlés avec des Masques

Un Pâtre

Air : Menuet,


Au plaisir de vous aimer,
Nous venons tous, sans trembler,
Joindre nos sincères vœux
A l’hymen heureux
Qui, par les soins de l’Amour,
Vous unit dans ce séjour.
Puissent des nœuds si parfaits
Se resserrer à jamais !
Saint Phal et Nanine s’avancent pour danser la premier menuet.
Saint Phal, prenant la main de Nanine

Air : Menuet,


C’est dans tes yeux
Amoureux
Que j’ai vu naître les feux
Du Dieu qui me rend heureux,
Et forme nos nœuds.\indicreprmus répétition du premier couplet
C’est dans le fond de ton cœur,
Dont je connais la candeur,
Que la plus sincère ardeur
Trouve son bonheur.
Peut-il être d’autres biens
Que nos tendres liens ?
Pour qu’ils ne soient point légers,
Ne cessons d’être Bergers.
Saint Phal et Nanine dansent le Menuet.
Pas de Deux

Air : Cache tes beaux yeux ou tel air qu’on voudra


Contredanse de la fin

Air : Allons danser sous ces ormeaux


Fin

Theaville » Les pièces » Afficher